Grâce à cette timeline, je vous ferais progressivement découvrir l’époque dans laquelle a vécu Annie. Ces éléments de contexte se compléteront en parallèle de la diffusion du tweet documentaire

Début des années 70

Début des années 70

A la fin des années 1970, les banques commencent à digérer les effets de la course aux guichets qui a prévalu depuis la libéralisation de leur ouverture en 1967. Plus que les volumes, elles commencent à rechercher la rentabilité des points de vente et développent le contrôle de gestion. Les effectifs cessent de croître de façon aussi prononcée qu’avant. Les banques commerciales modifient leur organisation et décentralisent les décisions de crédits à l’instar des établissements mutualistes où cette pratique prévaut dès l’origine.

1972

1972

La loi réaffirme la reconnaissance du principe de l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes, pour des travaux de valeur égale.

Huit femmes sont reçues à Polytechnique ; le « major de la promotion » est Anne Chopinet.

1974 : le Mai des banques

1974 : le Mai des banques

Au début des années 70, le salariat bancaire est en pleine mutation : de grandes campagnes de recrutement font entrer un personnel jeune, peu diplômé, très féminisé et peu rémunéré. Cette situation engendre des tensions qui aboutissent à un mouvement de grève à la Banque de France au début de l’année 1974. Celui-ci se propage progressivement aux autres banques et bourses du travail, à Paris puis en province. Les revendications mêlent hausse des salaires, conditions et durée du travail, égalité hommes/femmes, sécurité des agences, progression de carrières… La figure d’Arlette Laguiller, dirigeante syndicale et employée du Crédit Lyonnais, émerge à cette occasion. Parfois violente, cette grève commence à décliner lorsque le ministère des Finances, tout d’abord sur une ligne dure, fait quelques concessions, notamment sur les salaires. Le décès du président Pompidou est intervenu au milieu de ce conflit social qui a duré neuf semaines. C’était le « Mai des banques ».

1974 : Françoise Giroud

1974 : Françoise Giroud

Françoise Giroud devient la première secrétaire d’Etat à la Condition féminine.

1974 : la pilule

1974 : la pilule

Le 4 décembre 1974 la pilule est désormais remboursée par la Sécurité sociale. Les Centres de planification peuvent la délivrer gratuitement et anonymement à des mineures.

1974 : loi sur l'IVG

1974 : loi sur l'IVG

Le 26 novembre 1974, Simone Veil monte à la tribune de l’Assemblée nationale. Elle est face à 9 députés femmes pour 481 députés hommes. Après 25 heures de débats très houleux, la loi Veil est finalement adoptée le 17 janvier 1975. Une date historique pour toutes les femmes de France. Auparavant interdite, et même passible de la peine de mort pour les «faiseuses d’anges», l’interruption volontaire de grossesse devient légale. La loi sur l’IVG représente la fin d’un tabou. C’est un combat de plusieurs années mené dans les rues dès le début des années 70 et celui d’une femme à l’écoute des Femmes, la ministre de la Santé de l’époque, Simone Veil.

1974 - Majorité à 18 ans

1974 - Majorité à 18 ans

La majorité civile, fixée à 21 ans depuis 1792 en France, a été abaissée à 18 ans par la loi du 5 juillet 1974. Promesse de campagne de Valérie Giscard d’Estaing, c’est une des premières mesures du président nouvellement élu, votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Avec ce changement, près de 2,4 millions de jeunes Français accèdent au droit de vote. Il n’est plus besoin du consentement parental pour se marier, choisir librement son domicile, ses études, sa profession, se rendre à l’étranger ou encore ouvrir son compte en banque.

1975 : loi Haby

Votée le 11 juillet 1975, la loi Haby – du nom du ministre français de l’Education nationale, René Haby – reste dans les mémoires comme la loi instaurant le « collège unique ». Cette loi poursuit le processus de généralisation de l’enseignement initié par Jules Ferry en 1882 (l’école primaire pour tous) et prévoit la gratuité des études au collège. La loi Haby homogénéise également le contenu des disciplines, donc les connaissances des élèves sur l’ensemble du territoire national. Parmi les autres dispositions emblématiques de la loi figure la mise en place de la notion de communauté éducative réunissant les élèves, les enseignants, les personnels non enseignant et les parents d’élèves. Révolutionnaire à plus d’un titre, la loi Haby est encore aujourd’hui régulièrement accusée d’être à l’origine du nivellement par le bas des compétences et connaissances des élèves français. Que d’avancées pourtant grâce à cette loi !

1975

La loi sanctionne désormais les discriminations fondées sur le sexe, en particulier en matière d’embauche, et garantit l’accès à l’emploi des femmes enceintes.

Instauration du divorce par consentement mutuel.

1977

Création du « congé parental d’éducation » pour les femmes dans les entreprises de plus de 200 salariés. 8 mars : instauration de la journée internationale des droits des femmes par les Nations unies.

1978 : Bilan social des entreprises

1978 : Bilan social des entreprises

Officiellement, le terme « bilan social » apparaît pour la première fois dans le rapport du Comité d’étude pour la réforme de l’entreprise, présidé par Pierre Sudreau, paru le 7 février 1975. Ce rapport est communément cité comme point d’origine de la loi du 12 juillet 1977, instaurant l’obligation d’établir un bilan social annuel au niveau de chaque entreprise de plus de 300 employés, à partir d’indicateurs représentatifs de la situation sociale : emploi, rémunérations, formation, conditions de travail, relations professionnelles, avantages sociaux. Cette vision panoramique de la réalité sociale de l’entreprise et de son évolution, a pour but de venir en appui du dialogue social : dans le cadre du Comité d’entreprise lors de sa conception, avec les délégués syndicaux lors des négociations d’accords. Le bilan social est très vite apparu comme un instrument essentiel de la politique d’information du personnel et des partenaires sociaux. Ainsi de nombreuses entreprises ont décidé d’aller au-delà des obligations légales en insérant des données chiffrées supplémentaires et des commentaires, en le remettant à l’ensemble des employés. Le bilan social est soit inséré dans le Rapport annuel, soit publié à part.

Fin des années 70

Tous les établissements diversifient leur offre, en « équipant » les ménages en produits financiers : cartes de crédit, plan épargne logement etc. La clientèle acquiert davantage de produits de placements collectifs : les Sicav, créées en 1963, connaissent un grand succès grâce aux incitations fiscales avec les Sicav « Monory » (1978) puis « Delors » (1981). Puis ce seront les PAP (prêts accès à la propriété), PEP (plans d’épargne populaire), et l’arrivée de la banque à domicile avec le Minitel en 1983.

1980 : Marguerite Yourcenar, première femme élue à l’Académie française

1980 : Marguerite Yourcenar, première femme élue à l’Académie française

« C’est une victoire de la littérature. Il n’y a pas de polémique dans cette formule, mais une constatation : Marguerite Yourcenar met fin définitivement au mythe de la littérature féminine. C’est un écrivain plus qu’une femme qui entre sous la Coupole. En faisant honneur à Marguerite Yourcenar, l’Académie française s’est fait honneur à elle-même », écrit le lendemain de son élection Jean d’Ormesson dans le Figaro. Quand elle est reçue à l’Académie le 22 janvier 1981, Marguerite Yourcenar ne manque pas de faire référence à cette polémique lors de son premier discours : « On ne peut donc prétendre que dans cette société française si imprégnée d’influences féminines, l’Académie ait été particulièrement misogyne ; elle s’est simplement conformée aux usages qui volontiers plaçaient la femme sur un piédestal, mais ne permettaient pas encore de lui avancer officiellement un fauteuil. Je n’ai donc pas lieu de m’enorgueillir de l’honneur si grand certes, mais quasi fortuit et de ma part quasi involontaire qui m’est fait ; je n’en ai d’ailleurs que plus de raisons de remercier ceux qui m’ont tendu la main pour franchir un seuil. »

1980

Le congé maternité est porté à 16 semaines minimum (6 semaines avant et 10 semaines après l’accouchement) avec versement complet du salaire. À partir du troisième enfant, le congé maternité minimum est de 24 semaines.

1982-1987 : nationalisation puis privatisation des banques

1982-1987 : nationalisation puis privatisation des banques

En 1981, l’arrivée de la gauche au pouvoir entraîne une nationalisation complète des banques commerciales (loi de février 1982) : 36 établissements s’ajoutent aux « 3 vieilles » (BNP, Crédit lyonnais, Société générale), nationalisées depuis 1946. Cette nationalisation est éphémère car une vague de privatisations intervient à la faveur d’un changement de majorité en 1986 : Société générale et Paribas puis CCF ouvrent le bal du retour au privé, et ce mouvement va continuer jusqu’aux années 1990 (Crédit lyonnais, 1999) ; seules quelques grandes institutions comme la Caisse des dépôts et Consignations et la Banque de France restent publiques.

1983 : Loi Roudy sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.

1983 : Loi Roudy sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.

La loi du 13 juillet 1983 portant modification du Code du travail et du Code pénal en ce qui concerne l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes a été portée par Yvette Roudy, ministre déléguée chargée des Droits de la femme (1981-1986) dans le gouvernement Mauroy. Transposition de la directive européenne du 9 février 1976 qui introduit la notion d’égalité de traitement, la loi Roudy a pour but de réaffirmer le principe d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. La principale innovation de cette loi est la lutte contre la discrimination envers les femmes en matière de recrutement, rémunération, promotion ou formation. Elle définit la notion de valeur égale et notamment d’égalité des salaires à compétence et travail identique. Elle institue, en outre, la création du Conseil supérieur de l’égalité professionnelle chargé de définir et de mettre en place le principe et la politique de l’égalité dans le travail ainsi que l’obligation pour les employeurs de plus de 50 salariés de réaliser un rapport annuel sur la situation comparée des femmes et des hommes dans l’entreprise.

1984 : Loi bancaire

La loi bancaire du 24 janvier 1984 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit est un texte législatif promulgué sous le gouvernement Pierre Mauroy. Ce texte met fin à la spécialisation des banques, qui peuvent désormais commercialiser plusieurs types de services. C’est l’instauration du modèle de « banque universelle ». Cette réorganisation du système bancaire abolit, par exemple, les différences entre banques de dépôts et banques d’affaires. Des établissements spécialisés comme le Crédit agricole, les Caisses d’épargne ou le Crédit mutuel peuvent également réaliser progressivement toutes les opérations bancaires, tout en conservant leur structure coopérative. En outre, cette loi confie l’ensemble des fonctions de tutelle et de contrôle de la profession bancaire à trois instances collégiales distinctes, au fonctionnement desquelles la Banque de France est étroitement associée : le Comité de la réglementation bancaire, le Comité des établissements de crédit et la Commission bancaire.

1984

Le congé parental est ouvert à chacun des parents salariés sans distinction de sexe.
La loi confie aux deux parents la gestion conjointe des biens de leurs enfants mineurs.

1984 : Dématérialisation des titres

Les sociétés de capitaux émettaient des titres sous forme de document papier, représentatifs de la valeur investie par l’actionnaire, le porteur de parts ou l’obligataire. La détention du titre fournissait la preuve de la propriété. La cession d’action s’effectuait par simple transfert du titre-papier du vendeur à l’acheteur. La loi de finance de 1982 n° 81-1160 du 30 décembre 1981 stipule que « les valeurs mobilières émises en territoire français et soumises à la législation française, quelle que soit leur forme, doivent être inscrites en comptes tenus par la personne morale émettrice ou par un intermédiaire habilité ». Cette loi engage le processus de dématérialisation des titres, les sociétés ne peuvent plus émettre de titres-papier. La mise en œuvre effective est intervenue le 5 novembre 1984. Les marchés financiers et la Bourse connaissent un boom avec les mesures de dérèglementation et de décloisonnement prises notamment par le ministre Pierre Bérégovoy à partir de 1984 : les banques rachètent des charges d’agents de change, alors qu’Indosuez a ouvert la première salle de marchés à Paris en 1982. L’encadrement du crédit mis en place dans les années d’inflation est suspendu en 1984.

1991 : Edith Cresson, première femme Premier ministre

1991 : Edith Cresson, première femme Premier ministre

1998

La loi détermine « les conditions dans lesquelles est organisé l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives ». En décembre, le gouvernement rend public un projet de loi qui prévoit 50 % de candidates pour les scrutins de liste. Pour les élections législatives, les partis doivent également présenter 50 % de femmes, sous peine de sanctions pécuniaires.

Années 1990-2000 et l'arrivée de l'euro

Années 1990-2000 et l'arrivée de l'euro

Les affaires européennes mobilisent les banques à la fin des années 1980 et au début des années 1990 : il s’agit d’abord de préparer le grand marché européen des services qui entre en vigueur en 1993, puis la venue de l’euro immatériel pour les transactions financières (1999) et fiduciaire pour les particuliers (2002). L’Europe et l’international, c’est aussi une concurrence accrue, et les banques procèdent à des rapprochements nationaux pour mieux affronter cette concurrence : les caisses de Crédit agricole entre elles puis le Crédit agricole avec Indosuez (1996) et le Crédit lyonnais (2002), la Société générale avec le Crédit du Nord (1997), le Crédit mutuel avec le CIC (1998), BNP avec Paribas (1999), les Caisses d’épargne avec les Banques populaires (2009), lesquelles avaient déjà absorbé le Crédit national et la Banque française du commerce extérieur. Ces rapprochements entraînent des modifications de structures profondes et fréquentes dans les banques, qui ne sont pas sans conséquence sur les vies professionnelles (mobilité géographique, fonctionnelle, des métiers).

Le bug de l’an 2000

Le bug de l’an 2000

Parmi les grandes frayeurs de la fin du XXe siècle, figurait le bug ou bogue de l’an 2000. Plus que d’un bug, il s’agissait des limites de systèmes informatiques conçus dans les années 1960, à un moment où la mémoire des ordinateurs était rare et chère : on avait retenu seulement 2 chiffres pour désigner les millésimes, l’année 1960 étant désignée par exemple par 60. L’année 00 correspondait donc dans les programmes à 1900 et non 2000. De gigantesques chantiers furent lancés à la fin des années 1990 pour recenser, changer ou corriger les applications et programmes, en liaison avec les autorités publiques car tous les systèmes étaient interconnectés. Dans la banque, industrie reposant sur l’informatique, le problème était aigu et impliquait aussi tous les partenaires reliés aux banques pour la tenue de leurs comptes. Des milliers d’informaticiens furent mobilisés autour de milliers de projets à coordonner : cela représenta des investissements considérables mais le secteur bancaire n’eut aucun problème à déplorer. La surcharge de travail fut d’autant plus importante qu’elle s’accompagnait du chantier concomitant de l’euro et, pour certains établissements, de fusions nécessitant le rapprochement des informatiques. Image : Le bug de l’an 2000, © Gérard de Vaal