Grâce à cette timeline, je vous ferais progressivement découvrir l’époque dans laquelle a vécu Pauline. Ces éléments de contexte se compléteront en parallèle de la diffusion du tweet documentaire

1936 : trois femmes au gouvernement

1936 : trois femmes au gouvernement

Le 4 juin, Blum nomme trois femmes sous-secrétaires d’Etat dans son gouvernement. Il s’agit de Cécile Brunschvicg (Education nationale), Suzanne Lacore (Santé publique) et Irène Joliot-Curie (Recherche scientifique). Le 30 juillet, la Chambre des députés se prononce pour la sixième et dernière fois pour le vote des femmes par 495 voix contre 0. Le gouvernement s’abstient. Le Sénat n’inscrira jamais ce texte à son ordre du jour.

1937

Les femmes sont autorisées à enseigner le latin, le grec et la philosophie. Les femmes mariées peuvent obtenir un passeport sans l’autorisation de leur mari.

1938

Après plus d’un siècle de subordination à leur mari, les femmes gagnent enfin quelques libertés avec la loi du 18 février 1938 portant modification des textes du Code civil relatifs à la capacité de la femme mariée. Elle peut s’inscrire à l’université, passer un contrat pour ses biens propres, accepter une donation, séjourner dans un hôpital ou une clinique sans être accusée d’abandon de domicile. En matière civile, elle n’a plus besoin de l’autorisation de son mari pour avoir une carte d’identité et un passeport, ouvrir un compte en banque.   Elle ne doit plus obéissance à son époux et dispose d’une capacité juridique propre, quoiqu’encore restreinte en matière judiciaire. Subsistent pour le mari : la fixation de la résidence, la possibilité de s’opposer à l’exercice d’une profession et l’exercice de l’autorité paternelle.

1939

1939

Madeleine Landy-Degon publie « Le crédit agricole : sources, formes, caractères et fonctionnement en France et dans les principaux pays ». Née en 1912, elle entre à la CNCA en 1931 comme commis d’ordre et de comptabilité. Elle passe le concours de secrétaire rédacteur et comptable en 1935 puis dépose pour le Prix Rossi 1936 d’économie politique, organisé par l’Institut de France, un manuscrit sur le crédit agricole. Elle est la première femme lauréate de ce Prix. Habituellement partagé entre plusieurs lauréats, il lui a été cette année-là entièrement attribué.

1940-1942 Les femmes sous le gouvernement de Vichy

1940-1942 Les femmes sous le gouvernement de Vichy

La politique nataliste de Vichy sanctuarise la femme exclusivement définie comme une mère et cantonnée aux tâches domestiques. La loi du 11 octobre 1940 interdit  ainsi d’embaucher dans les services de l’Etat ou dans les collectivités locales les femmes mariées et  impose la mise en retraite des plus de cinquante ans pour ne pas menacer l’emploi  des démobilisés. ;  le divorce est rendu plus difficile, voire impossible (2 avril et 23 juillet 1941). L’avortement devient un « crime contre la sureté de l’Etat »  et est puni de la peine de mort (15 février 1942) Les pères, seuls, sont reconnus comme chefs de famille, tandis que les femmes sont cantonnées au rôle de «mères au foyer » salariées.

1941 : Lois bancaires du 13 juin

1941 : Lois bancaires du 13 juin

Cette loi est le texte fondateur de la réglementation de l’activité bancaire. Elle définit ce que sont les banques, les dépôts et les premières structures de supervision et contrôle de la profession bancaire.   Les banques sont réunies dans un syndicat unique et obligatoire, l’ « Association professionnelle des banques ». Avec la mise en place d’une « Commission de contrôle des banques »,  l’Etat se dote, d’un système de « police » des activités bancaires. L’accent est mis sur l’agrément administratif des établissements financiers, c’est à- dire leur condition d’accès à la profession bancaire, et le contrôle de leur liquidité, dans un contexte où la spécialisation des acteurs financiers est la règle. A cette époque, le contrôle prudentiel ne se différencie pas avec clarté du contrôle du crédit. Le système de « supervision » est ainsi caractérisé par : – un statut spécial de la profession de banquier qui limite le rôle des banques ; – une réglementation dirigiste du crédit qui tient lieu de réglementation prudentielle ; – un système de financement administré par des établissements cloisonnés sous le contrôle du Trésor. Les dispositions de la loi de 1941 seront reprises presque intégralement à la Libération.

1941

Création du Centre d’études techniques de banque (CETB) et du Centre d’études supérieures de banque (CESB) 

1942

France libre. 23 juin. Le général de Gaulle déclare : « Une fois l’ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l’Assemblée nationale ».

1943

France Libre. Lors de la création de l’Assemblée consultative provisoire, deux femmes, Marthe Simard et Lucie Aubrac, sont nommées parmi les 102 délégués. Au fil des sessions, le nombre des membres est augmenté pour atteindre 295 délégués dont 16 femmes en 1945. C’est la première fois qu’une femme siège dans une assemblée parlementaire française.

21 avril 1944 : le droit de vote pour les femmes

21 avril 1944 : le droit de vote pour les femmes

L’ordonnance du 21 avril 1944, signée par le général de Gaulle, élargit le droit de vote aux femmes, ainsi l’article 17 stipule : « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que l’homme » (amendement défendu par le député Fernand Grenier). Elles ont ainsi pu voter pour la première fois un an plus tard, le 29 avril 1945, lors des élections municipales. Près d’un siècle sépare la mise en place du suffrage universel masculin (1848) de l’ordonnance du 21 avril 1944 décrétant l’égalité politique des hommes et des femmes en France. A plusieurs reprises, de la fin de la Première Guerre mondiale à 1940, des propositions de lois en faveur du vote des femmes avaient été votées par la Chambre des députés puis ensuite rejetées par le Sénat. Le 21 octobre 1945, les femmes participent à leur premier scrutin national, un référendum et l’élection des membres de l’Assemblée constituante. Trente-trois femmes y sont élues.

1945 : La loi de nationalisation bancaire

1945 : La loi de nationalisation bancaire

La loi de nationalisation bancaire du 2 décembre 1945 a placé sous une forte tutelle de l’Etat les quatre grandes banques de dépôts françaises : le Crédit lyonnais, la Société générale, le Comptoir national d’escompte de Paris et la Banque nationale pour le commerce et l’industrie, ainsi que la Banque de France. Il s’agit alors de « diriger l’épargne nationale vers les vastes investissements qu’exige la reconstruction du pays après le 2e Guerre mondiale », comme l’a exposé le Général de Gaulle, en mars 1945 devant l’assemblée consultative. Ces nationalisations s’inscrivent dans un programme plus large qui réorganise l’ensemble de l’activité bancaire et donne à l’Etat le contrôle du crédit. La loi rentre en vigueur le 1er janvier 1946. Pendant une vingtaine d’années, les banques nationalisées se consacrent à la collecte de l’épargne à court terme, elles soutiennent les émissions du Trésor tout en participant au financement de la reconstruction et de la modernisation de l’économie. La loi sépare les banques de dépôts, qui doivent privilégier les emplois liquides, et les banques d’affaires, qui ont évité la nationalisation et peuvent prendre des engagements longs.

1945

Dans la première moitié du XXe siècle, le travail des femmes est encore perçu comme un travail d’appoint. Ce n’est pas un droit, tout au plus une concession : bienvenu en période de guerre ou durant les années de forte croissance de la Belle Epoque, le travail des femmes est découragé lors des périodes de crises.  A la libération, les réformes entreprises par le Gouvernement provisoire de la République française marquent un changement de paradigme. La notion de salaire féminin est supprimée dès 1945 par arrêté, remplacée par l’égalité salariale : désormais, c’est en théorie « A travail égal, salaire égal » ! L’année suivante, le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines est inscrit dans le préambule de la Constitution de la IVe République. Cependant, l’égalité salariale ne s’impose pas dans les faits : elle doit être inscrite dans la loi le 22 décembre 1972, puis rappelée par la loi Roudy en 1983 et à nouveau par une nouvelle loi sur l’égalité salariale en 2006. Aujourd’hui encore, à profession équivalente, l’INSEE relève un écart de salaire horaire de 10% en faveur des hommes… 

29 avril 1945 : premier vote féminin, lors des élections municipales.

Le 21 avril 1944, l’article 17 de l’ordonnance du Comité français de la Libération nationale portant sur l’organisation des pouvoirs publics en France après la Libération dispose que « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes », disposition qui sera confirmée le 5 octobre par le Gouvernement provisoire de la République française : la femme française peut voter.  C’est le 29 avril 1945 que ce droit est utilisé pour la première fois, à l’occasion du premier tour des élections municipales qui constituent par ailleurs le premier scrutin depuis la Libération. Plus de douze millions d’électrices sont ainsi autorisées à voter et la participation des femmes est massive, presque comparable à celle des hommes.  Dans un contexte très marqué par les difficultés liées au rationnement ou encore au retour des prisonniers et des déportés, alors que la guerre n’est pas encore finie et que d’autres enjeux politiques occupent naturellement les esprits, le caractère inédit du scrutin retient néanmoins l’attention. Les actualités filmées et de nombreuses photographies montrent ainsi des françaises (anonymes ou célèbres, de tous âges et de tous milieux sociaux) se presser devant les bureaux de vote, faire la queue devant l’isoloir et voter.

1946

Le principe d’égalité des droits entre hommes et femmes est posé dans le préambule de la constitution.

1947

Mise en place de la deuxième convention collective des banques, la première ayant été signée en 1936.

1947

Germaine Poinso-Chapuis est la première femme nommée ministre de plein exercice.

1949 : Le Deuxième sexe

1949 : Le Deuxième sexe

Paru en 1949, « Le Deuxième sexe » est l’ouvrage le plus connu de Simone de Beauvoir. A la fois œuvre autobiographique et philosophique, ce livre s’attache à démontrer que l’infériorité supposée de la femme est une construction culturelle et qu’aucune n’a son destin tracé dès la naissance. S’inscrivant dans la pensée existentialiste de l’époque, Simone de Beauvoir exclut tout déterminisme et cherche à comprendre comment les femmes et les hommes ont si profondément intégré cette inégalité. Fondée sur l’éducation, cette croyance en la soumission naturelle des femmes pourra être combattue à la fois par les femmes et par les hommes. L’émancipation féminine passera donc par cette alliance entre les sexes et deux outils la favoriseront : le contrôle des naissances et l’accès au monde du travail. Succès au parfum de scandale à sa sortie, Le Deuxième sexe est depuis devenu une des œuvres phare du féminisme. La citation « On ne naît pas femme, on le devient » est d’ailleurs presque devenu le slogan officiel de ce mouvement d’émancipation.

1953-1954 : Prêt à l’équipement /Trente glorieuses

1953-1954 : Prêt à l’équipement /Trente glorieuses

Des prêts à l’équipement familial et à la construction pour l’accession à la propriété sont massivement souscrits par les employés entre les années 1950 et 1970. La France d’après-guerre est marquée par une période de prospérité d’environ trente années qui se caractérise par une forte croissance économique, le plein emploi, une expansion démographique (baby boom), l’accroissement rapide du pouvoir d’achat et l’entrée dans la société de consommation. Cette période, qui s’achève avec le choc pétrolier de 1973, a été nommée à postériori par l’économiste français Jean Fourastié « Les Trente glorieuses » dans son ouvrage Les Trente Glorieuses ou la révolution invisible de 1946 à 1975, publié en 1979.

1954

Publication de Bonjour tristesse de Françoise Sagan qui fait scandale en raison de son « immoralité ». Sagan réplique en signalant : « Aujourd’hui, les jeunes filles écrivent ce qu’elles veulent ».

1954

Gilberte Beaux, une des grandes banquières du XXe siècle, est la première femme major de l’Institut technique de banque (ITB), créé en 1951.

1963

La mixité des élèves est instituée, par décret, comme le régime normal des Collèges d’enseignement secondaire.

1965 : autorisation pour les femmes d'ouvrir un compte bancaire sans l'autorisation de leur époux

1965 : autorisation pour les femmes d'ouvrir un compte bancaire sans l'autorisation de leur époux

Le XXe siècle a créé la femme d’aujourd’hui. Celle qui travaille, gère ses biens, vote et vit sa vie. Car « avant », les femmes ne pouvaient pas disposer de leur salaire (1907), passer le baccalauréat (1924) ou encore aller à l’Université, détenir une carte d’identité ou un passeport sans l’autorisation de leur mari (1938) ! La loi de 1965 constitua un petit séisme dans cette France « du masculin qui l’emporte ». Déposée par un gouvernement pourtant exclusivement composé d’hommes, elle mit fin à la société patriarcale installée par le code civil napoléonien de 1804. Mais à l’époque, toutes les femmes – et tous les hommes – n’avaient pas le même regard sur cette « nouveauté » qui venait d’un coup modifier leur quotidien… Cette loi du 13 juillet 1965 reformat les régimes matrimoniaux, en favorisant l’égalité entre l’homme et la femme au sein des couples mariés. Entrée en vigueur le 1er février 1966, elle introduit le régime de la communauté réduite aux acquêts, qui devient le régime légal en l’absence de contrat de mariage. Cela signifie que chacun des époux peut administrer ses biens acquis avant le mariage et ses revenus personnels. Le mari reste l’administrateur de la communauté, mais il doit désormais rendre compte de la gestion des biens communs à sa femme. La loi de 1965 a donc ouvert la porte à l’émancipation féminine. Aux oubliettes l’incapacité juridique de l’épouse ! Adieu la tutelle encombrante de l’époux ! Fini le temps où les femmes devaient quémander l’autorisation de leur époux pour gérer leurs biens propres, travailler et ouvrir un compte bancaire ! Désormais, une femme peut décider seule de se rendre dans une banque, elle peut déposer ou retirer de l’argent sans l’autorisation de son époux ou de son père ! Incroyable, n’est-ce pas, quand on regarde avec ça avec nos yeux d’aujourd’hui ? Mais dites moi, à bien y réfléchir, ce n’est pas si vieux que cela…

1966 Grande réforme bancaire de 1966-1967 (décrets « Debré-Haberer »)

1966 Grande réforme bancaire de 1966-1967 (décrets « Debré-Haberer »)

Les réformes de 1966 1967, dites « réforme Debré-Haberer », entraînent une nouvelle réorganisation des banques. Elles proposent un assouplissement de la réglementation bancaire par le décloisonnement des activités et la liberté d’ouvertures de guichet. Le modèle de la banque universelle voit alors le jour.

1967

28 décembre. la contraception est autorisée par la loi Neuwirth. Les femmes sont autorisées à pénétrer dans la Bourse de Paris.

1968 Les femmes, mai 1968

Sur le site de l’INA : https://goo.gl/fkLNEF Les mœurs changent, les tenues vestimentaires aussi. Les femmes se sentent plus libre de porter des tenues qu’elles désirent. Avant les événements de mai 1968, il aurait été impensable de voir une femme travaillant dans la banque portant un pantalon, mais pas de mini jupes non plus. Mais une vraie bascule existe après 1968, les femmes sont libres du choix de leurs tenues, malgré quelques désaccords avec leurs supérieurs.

1967 : débuts de la carte bleue

1967 : débuts de la carte bleue

Inspirée des cartes de crédit en circulation aux Etats-Unis dans les années 1950, la carte bleue est lancée en France en 1967. Elle est portée par un groupe de 5 banques (BNP, CCF, CIC, Crédit lyonnais et Société générale) auxquelles se joignent peu après la BRED Banque Populaire et le Crédit du Nord. Elle reçoit un accueil mitigé au départ, notamment des commerçants, mais connait ensuite une croissance forte et continue en raison de l’enrichissement de l’offre : les premiers distributeurs automatiques de banque (DAB) sont disponibles en 1968, la carte s’internationalise à partir de 1973, la sécurité se renforce avec avec la généralisation de la piste magnétique en 1979 et surtout avec la carte à puce en 1985. En 1984, c’est l’interbancarité : les établissements qui avaient développé leurs propres cartes : les Banques populaires, les CCP et le Crédit agricole avec sa carte verte, rejoignent la carte bleue au sein du GIE Carte Bancaire, faisant de la France le premier pays au monde où un client peut utiliser sa carte dans toutes les banques et chez tous les commerçants. Les Caisses d’épargne, qui ont obtenu le statut d’établissement de crédit en 1984, se joignent au système en 1985. Partie en retard sur les Etats-Unis, la France, avec la carte à puce et l’interbancarité, prend des années d’avance sur son modèle. 

1969

Le Mouvement des Femmes (futur MLF) voit le jour un an après les évènements de mai 1968. Première action d’éclat le 26 août 1970 avec 8 femmes (dont Monique Wittig) déposant au pied de l’Arc de Triomphe des fleurs pour la veuve du soldat inconnu.

1970

La loi dispose que désormais « les deux époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille » : c’est la fin de la notion de « chef de famille » et de l’autorité paternelle, remplacée par l’autorité parentale.

1971

Publication dans Le Nouvel Observateur du « Manifeste des 343 » regroupant les signatures de 343 femmes affirmant avoir été avortées et appelant les autorités à prendre en compte cette réalité : les femmes avortent, et souvent dans des conditions de sécurité lamentables. Le « manifeste des 343 » réclame l’avortement libre. Dans l’enseignement supérieur, les filles rattrapent les garçons en nombre.

1972

La loi réaffirme la reconnaissance du principe de l’égalité de rémunération entre les hommes et les femmes, pour des travaux de valeur égale. Huit femmes sont reçues à Polytechnique ; le major de la promotion est Anne Chopinet.