Grâce à cette timeline, je vous ferais progressivement découvrir l’époque dans laquelle a vécu Eugénie. Ces éléments de contexte se compléteront en parallèle de la diffusion du tweet documentaire…
1897 - Arrivée d’Eugénie
Chaque année, tradition datant de la Monarchie de Juillet oblige, les écoles distribuent aux élèves les plus méritants des livrets d’épargne dotés à l’occasion de la remise des prix de fin d’année. Eugénie, bonne élève, a reçu le sien pour ses bons résultats en français et mathématiques.
1897 - Entrée d’Eugénie dans la banque, travail au service des titres
L’activité « titres » des banques connait un grand développement à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle car la France compte de nombreux rentiers vivant à titre principal ou accessoire du revenu de leurs valeurs mobilières (actions et obligations). Une grande partie de ces titres sur papier (ils sont dématérialisés depuis 1984 en France) est conservée par les banques pour le compte des clients, dans les salles fortes de grands services titres : chaque fois qu’une entreprise ou collectivité annonce le paiement (annuel) de ses dividendes (pour les actions) ou intérêts (obligations), la banque procède au détachement manuel du coupon attaché au titre (découponnage) et matérialisant ce droit au dividende. La somme correspondant au coupon est créditée au compte du client. Le classement de ces titres par catégories de titres, puis par clients, permet une organisation rationnelle du travail, essentiellement féminin. La mécanisation, puis l’informatisation de ces opérations modifient progressivement l’organisation du métier. La banque travaille aussi pour les entreprises dont elle tient les registres d’actionnaires, procède au paiement des dividendes et organise les assemblées générales d’actionnaires.
1904 - La taxe de capitation
La taxe de capitation est un impôt levé sur chaque employé. Fin 1904, un projet gouvernemental envisage d’en élargir l’assiette à la main-d’œuvre féminine dont les embauches se développent. Le conseil d’administration du Comptoir national d’escompte de Paris consacre plusieurs séances aux conséquences de cette surcharge fiscale sur le travail réalisé par les femmes, considéré à l’époque comme moins effectif que celui fourni par un employé masculin. Les échanges de vue entre les administrateurs concluent qu’il n’y a sans doute pas lieu de fermer les services concernés, la banque venant d’agrandir les locaux de son siège social rue Bergère, « mais de procéder par voie d’extinction ». « Par humanité », le personnel féminin présent sera conservé et seulement remplacé peu à peu par des hommes au gré des départs.
1909 - Loi instituant un congé maternité de huit semaines sans rupture de contrat mais sans traitement
1904 - Ouverture d’un livret pour la naissance de son enfant
Les Caisses d’Epargne encouragent, par divers moyens, l’ouverture de livrets auprès des plus jeunes. Le don de livrets aux enfants est pratiqué ainsi dans la première moitié du XIXe siècle pour célébrer une naissance illustre ou un évènement local d’importance. Cette coutume a trouvé un nouveau souffle à la fin du XIXe siècle, avec la mise en place du livret dit « du nouveau-né » : les Caisses d’Epargne offrent ainsi à toute nouvelle mère, comme Eugènie, un livret pour la naissance de leur enfant. « Il faut que l’enfant s’habitue à voir, à côté de lui, sous sa main, au milieu des jouets, ce livret de Caisse d’Epargne qu’on ne manquera pas de lui faire lire. » Cette affiche de William Laparra illustre cette tradition.
1907 : Loi du 13 juillet 1907
Avec la loi du 13 juillet 1907 portant sur le libre salaire et la contribution des époux aux charges du ménage, les femmes mariées obtiennent le droit de disposer librement de leur salaire. Cette loi ouvre une première brèche dans les dispositions du Code Napoléon de 1804 qui affirmait l’incapacité juridique de la femme mariée. Son application fut toutefois aléatoire car, comme le révèle une enquête de La Française en 1930, les agents de change, notaires ou banquiers exigeaient encore très souvent une autorisation maritale aux épouses qui veulent disposer de leurs gains. La loi du 18 février 1938 abolit la puissance maritale et le devoir d’obéissance et octroie à la femme mariée une capacité restreinte. Il faudra néanmoins attendre la réforme des régimes matrimoniaux et la loi de 1965 pour mettre fin à l’incapacité de la femme mariée qui peut désormais ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de son époux et cogère avec celui-ci les biens du couple avec une responsabilité identique.
1910 - crue de la Seine à Paris et dans la région
1914-1918 : Les emprunts de la Défense nationale
Les emprunts de la Défense nationale sont symboliques de la politique financière de la France pendant la Grande Guerre. Ces emprunts à long terme, auxquels s’ajoute l’émission de bons de la Défense nationale à court terme, bénéficient de l’élan patriotique des Français. Les emprunts ont été diffusés par la Banque de France, la Caisse des dépôts et consignations, l’ensemble des banques commerciales, mais aussi grâce au réseau des percepteurs du Trésor public. Quatre grands emprunts sont lancés pendant la Guerre en novembre 1915, en octobre 1916, en octobre 1917 et en octobre 1918. Ce dernier emprunt est dit « Emprunt de la victoire ». Le lancement de ces emprunts conduit à des campagnes de communication sans précédent et restées très célèbres, d’autant qu’elles sont dessinées par de grands artistes français, de Steinlen à Abel Faivre (le fameux « On les aura »), de Poulbot à Forain, de Lévy-Dhurmer à Albert Besnard.
1914-1918 : la législation à destination des femmes
Les maris partis au front, les épouses doivent pouvoir continuer à gérer leur foyer et leur famille. Or, le Code Napoléon (1804) ne reconnaît pas aux femmes le droit de prendre des décisions relatives à leurs enfants, étant elles-mêmes considérées comme mineures. Pour pallier ce manque d’autorité paternelle dans les familles françaises, le législateur transfère donc aux épouses, par la loi du 3 juin 1915, la puissance paternelle pour la durée du conflit. Ce pouvoir sera limité dès le 27 juillet 1917 par la loi instaurant le statut de pupille de la Nation. En effet, les enfants dont le père est mort au combat et qui sont déclarés pupilles ne relèvent plus de l’autorité « paternelle » de leur mère puisque celle-ci est alors déléguée à un homme, généralement un membre de la famille. Il faudra attendre la loi du 4 juin 1970 pour que l’autorité paternelle disparaisse, remplacée par la notion d’autorité parentale. Désormais, « les deux époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille ».
1919 - vote de la loi sur la journée de 8 heures
1919 - Loi Astier
Durant le XXème siècle, les pouvoirs publics donnent un cadre législatif au système de formation professionnelle. En juillet 1919, la loi ASTIER pose les bases d’un enseignement professionnel unifié pour les apprentis : tous doivent désormais suivre gratuitement 150 heures de cours d’enseignement théorique et général par an. Par ailleurs, elle institue pour les ouvriers des cours de perfectionnement et le certificat de capacité professionnelle devient Certificat d’aptitude professionnelle (CAP). Dans ce cadre, la ville de Paris créé en novembre 1921, des cours de perfectionnement destinés à « permettre aux jeunes filles employées dans le commerce et les banques de compléter leurs études techniques et de se tenir au courant des méthodes nouvelles de travail ainsi que des lois et règlements se rapportant à leur profession » (note n°173 du service du personnel du siège central, Archives historiques Crédit Lyonnais 098 AH 250).
1920 - Arrivée des premières machines électro-comptables dans les services de la comptabilité des banques
1924 : Les programmes de l’enseignement secondaire ainsi que le baccalauréat deviennent identiques pour les filles et les garçons.
1928 : Première arrestation de Marthe Hanau, « la banquière »
Elle est arrêtée pour fausses informations et escroquerie. Après une nouvelle incarcération en 1934, elle se suicide en 1935.