Je suis née de l’imagination d’un groupe de travail. Il vous présente le projet « Des femmes qui comptent ».
Le sujet des femmes au travail est aujourd’hui récurrent dans les médias, sous forme d’enquêtes, de débats ou de tribunes. Que cela soit pour souligner la réussite de femmes de pouvoir, comme Angela Merkel, Christine Lagarde, ou pour dénoncer le plafond de verre qui empêche encore un égal accès des femmes aux plus hautes fonctions dans les entreprises ou les lieux de pouvoir. La parité a fait l’objet de mesures récentes, et contraignantes, pour la représentation des femmes dans les conseils d’administration ou les assemblées parlementaires. Et cette représentation ne se limite pas au monde politique ou économique mais touche toutes les organisations.
Le débat porte aussi plus largement sur les stéréotypes dans l’éducation, la représentation des femmes dans les magazines et la publicité, les manuels scolaires, la femme comme consommatrice…
Sur le plan historique, la communauté historienne s’est emparée de ces questions depuis nombre d’années, avec les travaux pionniers de Michelle Perrot notamment, et L’histoire des femmes en Occident qu’elle dirigea avec Georges Duby en 1990-1992.
La question féminine n’est pas absente du monde bancaire et financier aujourd’hui : dans un monde longtemps réputé masculin, les femmes occupent aujourd’hui près de la moitié des emplois de cadres en France. Les établissements financiers accordent une large place à la promotion féminine dans leur politique de ressources humaines ou de responsabilité sociale d’entreprise. Des positions clés sont désormais occupées par des femmes dans des secteurs autres que ceux qui leur étaient traditionnellement réservés, comme la communication ou les ressources humaines. Des réseaux comme Financi’Elles sont créés pour promouvoir la mixité dans les entreprises et favoriser l’accès des femmes aux fonctions de direction.
Des travaux historiques importants ont aussi été réalisés depuis une vingtaine d’années sur l’histoire du personnel dans les banques, sur la publicité, mais aucune synthèse d’ensemble n’est encore disponible.
Pour le grand public, l’image de banquière se réduit parfois à celle de Marthe Hanau, la banquière des années 1930 incarnée au cinéma par Romy Schneider, ou aux cohortes de femmes entrées dans les banques au moment de la Première guerre mondiale.
Qui sait aujourd’hui que les femmes mariées françaises n’ont acquis leur majorité bancaire, c’est-à-dire le droit d’ouvrir un compte sans l’autorisation de leur mari, qu’en 1965, soit plus de vingt ans après l’obtention du droit de vote ?
Grâce aux nombreuses archives disponibles, l’ambition de ce blog est d’esquisser à travers des portraits de femmes ce qu’a été la vie d’une employée de banque depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Le portrait, vivant, peut être précisé grâce à de nombreuses informations sur les modes de recrutement, les salaires, les métiers, la formation professionnelle, les conditions de vie au travail et les rites de l’entreprise.
Ce parcours sera mis en regard de l’évolution de la société car les banques ne vivent pas en vase clos. C’est aussi l’occasion de se pencher sur les femmes en tant que clientes des banques : de la gestion des comptes du ménage à l’acquisition d’un pouvoir autonome, à quels services financiers avaient-elles accès et suivant quelle évolution ?
« Les femmes qui comptent », c’est tout cela : les femmes qui font les comptes comme « petites mains » dans les banques, les femmes qui émergent dans des fonctions de direction ou encore les femmes qui gèrent au quotidien leur argent ou celui de la famille.
Marie sera notre narratrice. Personnage fictif, elle vous racontera ses découvertes et les parcours des femmes dans l’univers de la banque.
Le commissariat scientifique et madame papier