Lorsque j’ai commencé mon aventure dans les services d’archives historiques des établissements bancaires, je me doutais bien qu’il y aurait beaucoup à dire sur l’évolution des droits des femmes. Mais j’étais à mille lieues d’imaginer que ce j’y trouverai résonnerait autant dans l’actualité ! D’ailleurs, ces dernières semaines, j’ai reçu des dizaines de messages enthousiastes et encourageants sur Twitter, pour saluer ma démarche, son utilité et sa pertinence. Tout cela est très soudain pour moi. Je ne pensais vraiment pas que tant de monde partagerait ma curiosité !
Comme je le disais dans le premier billet de ce blog : il y a encore beaucoup à faire. C’est pourquoi j’ai demandé aux « femmes qui comptent » d’aujourd’hui, des expertes, des femmes engagées, des professionnelles des banques et des archives, etc. de me donner leur point de vue. Avec elles, je veux comprendre pourquoi mon projet est toujours ancré dans l’actualité.
Aujourd’hui, je donne la parole à Agnès Tran-Pommel, qui en tant que co-présidente de la fédération de réseaux de promotion de la mixité du secteur de la banque, de la finance et de l’assurance Financi’Elles, s’intéresse particulièrement à l’égalité hommes / femmes aujourd’hui et au chemin qu’il reste à parcourir.
Je la remercie très sincèrement d’avoir bien voulu participer à cette première carte blanche.
Secteur financier, quelle est la place des femmes ?
Par Agnès Tran-Pommel
Si les femmes ne peuvent ouvrir un compte en banque que depuis un peu plus de 50 ans, elles ont largement investi le secteur financier pour leurs vies professionnelles. Plus de 55% des salariées du secteur banque sont des femmes et ce pourcentage grimpe même jusqu’à 60% dans le secteur assurance. Mais cette forte représentativité est-elle également répartie à tous les niveaux ? Comment se traduit-elle en termes de mixité des équipes au sein de nos entreprises ? Qu’en est-il pour les instances dirigeantes ?
Mixité, le secteur plutôt bon élève
Globalement, comme l’a souligné le 3e Consultation Financi’Elles publiée en mai 2017, le secteur est perçu comme plus avancé que d’autres en matière de mixité : plus de 8 cadres sur 10 estiment que le secteur est aussi, voire plus favorable que d’autres au développement de la carrière des femmes. 3 femmes cadres sur 4 se disent d’ailleurs satisfaites de leur carrière. Cette notion de mixité est bien installée : femmes et hommes du secteur sont ensemble convaincus des vertus de la mixité qu’ils tiennent désormais pour un facteur de croissance et de création de valeur. Ils soulignent aussi ses effets positifs sur l’efficacité, la motivation, le dynamisme, la créativité, la confiance et la meilleure prise en compte de l’éthique. C’est encourageant pour la suite !
Ce consensus se traduit d’ailleurs dans les chiffres : la part des femmes cadres continue de grimper : que ce soit dans la banque, où plus de 46% des cadres sont des femmes, ou dans l’assurance où les femmes représentent 49,5% de l’effectif cadre (chiffres 2016 : Fédération des banques françaises et Observatoire sur l’évolution des métiers de l’assurance). Cette quasi-parité fait figurer le secteur banque-finance parmi les bons élèves : à titre de comparaison, les femmes représentent moins de 30% de l’encadrement au sein des 60 plus grandes entreprises françaises (Observatoire Skema de la féminisation des entreprises).
Mais il reste encore du chemin à parcourir
Pour autant, toutes les questions d’égalité professionnelle ne sont pas réglées. Des progrès restent à accomplir pour installer une solide et durable culture de la mixité, qui soit perceptible dans le quotidien des collaborateurs et collaboratrices. Toujours selon la Consultation Financi’Elles, près de la moitié des femmes cadres du secteur estiment ne pas être traitées à l’égal des hommes. Très concrètement, elles estiment ne pas avoir accès aux mêmes opportunités de carrière. Enfin, 1/5 des répondants seulement estiment bénéficier des actions mises en place pour favoriser la mixité.
Là encore, cette perception se voit dans les chiffres. Par exemple, dans le secteur assurance, même si la part des femmes gagne 1,7 point chez les cadres de direction pour se situer à 30,7% (13 points de plus qu’en 2006), la parité du secteur n’est pas encore visible à ce niveau (OEMA – 2016).
Et en ce qui concerne les instances dirigeantes, avec seulement 16% de femmes dans les comités exécutifs, la mixité est encore trop faible et ne reflète pas les progrès du secteur en général (E&B Financi’Elles – 2016).
Pour aller plus loin ?
La plupart des entreprises du secteur se sont engagées dans des politiques volontaristes pour favoriser la mixité. Formation, lutte contre les stéréotypes, identification des talents, mise en relations, appui pour la création de réseaux, implication des équipes dirigeantes… Au-delà de la force de conviction, le déploiement de plans d’actions très concrets doit se poursuivre pour ancrer la place des femmes au sein des entreprises du secteur financier à tous les niveaux.
C’est un véritable enjeu pour notre secteur qui vit une profonde transformation. Motiver l’ensemble des collaborateurs et des collaboratrices, attirer les meilleurs talents et capitaliser sur la diversité des points de vue au sein des équipes qui conduisent ces transformations sont prioritaires pour la réussite future de notre secteur.
Agnès Tran-Pommel – @atpommel
Co-Présidente Financi’Elles
Directrice de la communication BNP Paribas – Réseaux France
Pour en savoir plus :
Découvrez l’intégralité de la consultation « Confiance et Mixité » de Financi’Elles